lundi 27 avril 2009

Bernard Haller

Samedi 25 Avril 2009
Haller, la mort d'un "mélan-comique"
Par Jean-Luc BERTET
Le Journal du Dimanche
Bernard Haller n'a pu parvenir à son ultime barreau. Il s'est éteint vendredi après-midi, à Genève, des suites d'un problème pulmonaire. Il avait 75 ans mais aimait à répéter, depuis cinq ans, qu'il construisait l'échelle qui allait "le mener à ses 80 balais". Ce Suisse qui paradoxalement détestait l'escalade et la montagne, se promettait d'en gravir le plus lentement possible les échelons.
"A la vitesse de l'escargot", précisait-il, saluant au passage un animal auquel il vouait une si grande dévotion qu'il se l'était fait tatouer. Le gastéropode l'inspirait. "Il est hermaphrodite et peut faire l'amour vingt-quatre heures de suite. En outre, le dessin de leur coquille est signe d'infini ", expliquait-il.
Une considération d'importance pour l'humoriste qui ne détestait pas jouer avec la philosophie. Il aimait à croquer les petites et les grandes vanités, les contradictions de l'existence et sa vacuité. Les sketches de cet autoproclamé "mélan-comique" taquinaient à pleines dents l'absurde de la vie et l'ordre des choses. Ses textes portent souvent les thèmes de l'échec et de la mort et s'il en faisait rire, ce n'était pas sans lucidité ni dérision. "L'humour, disait-il, c'est un petit garçon qui traverse une cave très sombre et qui sifflote pour se donner du courage."
Pollux, c'était lui
(oui mais pas que… J’étais outrée ce matin d’entendre à la télévision un journaliste présenter Bernard Haller uniquement sous cet angle avec en prime un extrait du « manège enchanté »… temps pendant lequel le journaliste aurait pu en dire plus sur cet Homme aux multi talents ! Un hommage lui a d’ailleurs été rendu lors de la 23ème cérémonie des Molières hier soir 26 avril 2009)
Il lui avait, en tout cas, fallu de la persévérance pour s'imposer sur la scène. Après avoir arrêté en 1958 des études de vétérinaire "interminables", avoir vendu des montres de luxe, suisses, naturellement, il avait couru les cabarets durant treize ans, croisant au hasard des coulisses Brel, Barbara, Gainsbourg, Brassens et Devos, auquel il vouait une forte admiration. Il lui avait toutefois fallu attendre les années 1970 pour imposer véritablement son univers. On se rappelle son Défense de poéter dans lequel il interprétait un prof très classique et rigoriste qui s'en prenait à l'élève Verlaine, fustigeant ses "sanglots longs de l'automne et leur langueur monotone"...
Habile à incarner les personnages les plus divers et à sauter instantanément de l'un à l'autre au cours de ses shows, il a toujours regretté n'avoir pas pu jouer celui de jeune premier. La faute à une tête irrémédiablement chauve. Ce qui ne l'a toutefois pas empêché de tourner dans plus d'une cinquantaine de films et de téléfilms. Il a d'ailleurs pu prendre une revanche retentissante sur son cuir chevelu récalcitrant en étant la voix, aux accents très "birkiniens", du chien le plus échevelé de la télé française : Pollux d'un Manège enchanté qui a fait les délices d'une génération.
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